Ces gens qui n'ont peur de rien...
Mon blog rouille... Je sais, c'est pas la joie, d'autant que je n'ai pas eu matière à inspiration ... enfin non, je n'ai pas de raison de m'en prendre à la matière, je n'ai pas d'inspiration tout court.
Voilà un petit article sur la perte de peur (curieux titre, mais j'ai pas trouvé plus parlant)
Il y a presque un an de cela, il m'était impossible de ne pas me sentir mal à l'idée de faire des conneries au travail. Pour le coup, c'était un gros projet, on comptait sur moi, l'équipe était dans la mouise. Et dans cette situation assez difficile dans laquelle on me demandait de faire des choses que je ne connaissais pas, en a laps de temps réduit, avec un minimum de documentation, et après 5 mois d'activité quasi nulle, j'étais mort de trouille à l'idée de faire une connerie.
J'avais peur non pas de perdre mon boulot, mais de trahir la confiance que l'on avait mise en moi.
J'avais le mental du bon soldat, même si pas forcément les compétences. Mais bref, la trouille.
Aujourd'hui, on a un autre gros projet, assez difficile, clients difficiles, qui sont du genre à vouloir construire un immeuble avec une moissonneuse bâteuse.
Très dur, en plus, je suis le seul de la boite à disposer des connaissances pour mener ce projet. Même si je ne suis pas responsable du projet, j'en reste un élément clé dans le peu de temps qui nous est fourni.
Donc toutes les raisons d'avoir peur à l'idée de planter un truc... et pourtant... non.
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Il arrive un moment dans un combat où on "lache prise". N'importe quel combattant a déjà vécu cela au moins une fois. En fait, dans tout combat on le vit, mais on ne s'en rend compte que rarement, un peu comme un état hypnotique. On arrête d'avoir peur, elle n'existe plus.
Cela m'est arrivé au Pencak assez récement, trois sessions (combats) de deux minutes. Durant la seconde session, je me suis senti tellement loin de tout que je voyais tout venir. Mes mains se plaçaient correctement, mes jambes étaient déjà au bon endroit pour mes déplacements... en fait, mieux que cela: où qu'elles fussent placées je savais quoi en faire en fonction de la situation. Même si je me prenais des tartes, alors je continuais sans même rompre mon flux ne serait-ce qu'un millième de seconde.
Curieusement ce changement mental brutal intervient sans que l'on fasse quoi que ce soit, et ce n'est jamais lié à un facteur externe.
Ce que l'on sait juste, c'est qu'on a plus tendance à vivre cela en situation de stress extrême... encore que pour certaines personnes, ce soit totallement l'inverse. C'est un facteur (voire une constante) uniquement interne. Un déclic un raisonnement mental, une parole ou un évennement interprétée d'une certaine manière... qui fait que dans une situation donnée, la peur s'envole.
Une chose est sure: il n'y a pas qu'en combat que cela arrive. Ce phénomène interne est présent partout: la femme battue qui se réveille, le funambule qui finalement arrive à traverser son fil les yeux bandés... ou l'employé de bureau qui n'a plus peur de se vautrer.
J'ai remarqué deux choses:
- Dans ces moments, qui durent plus ou moins longtemps, on est en connexion totale avec son corps. En fait, on n'est qu'un corps, on ne se dissocie pas de son corps. Cela ne signifie pas que l'on ne pense plus, on pense toujours, mais... on arrive a observer ses propres pensées. La sensation est curieuse! (essayez de faire ça chez vous: quand vous pensez à un truc, n'importe quoi, observez cette pensée, comme si une autre voix disait: tiens, j'ai pensé à un truc là. Vous verrez, c'est curieux).
- L'autre truc que j'ai remarqué, c'est que l'action ne nous fait plus peur car les conséquences ne nous font plus peur non plus. Non pas qu'on les ignore: On connait les conséquences, mais on ne s'y arrête pas.
Il y a une chose que je me disais auparavant: Si un jour je dois gérer une équipe, je prie le ciel de ne jamais avoir à gérer une personne qui n'a jamais peur. Comment voulez-vous contraindre une personne qui n'a pas peur?
Je me met à la place de mes supérieurs aujourd'hui, et je me dit qu'ils doivent faire dans leur slibard... et très honnêtement je ne peux pas leur donner tort au vu de la situation actuelle. Je pense que si l'entretien annuel d'évaluation cette année de notre équipe a été repoussé, c'est une bonne chose (peut-être même voulue, ou tout du moins chanceuse).
Ce serait typiquement le moment pour moi de demander une augmentation... voire d'émettre certaines revendications dont personne n'a envie parler... et pourtant non, même ça je n'en n'ai pas envie. Les gens qui sont dans une situation mentale comme je le suis maintenant dans mon travail (uniquement dans mon travail) sont très difficilement gérables car rien dans le contexte ne leur fait peur, et peu de choses les motivent. Sans carotte ni bâton, nos schèmes pré-établies sur le management volent en éclat.
D'ailleurs, à un moment où un autre on "remercie" les personnes qui n'ont plus peur, mais le plus souvent, elles partent d'elles-mêmes. Ceux qui ont déjà déjà fait le deuil de leur poste et prévoient de se tirer ont surement vécu le même style de sensation. Quoi qu'il en soit, c'est l'enfer à gérer pour les autres... ceux qui restent.
De mon côté, ce qui est certain, c'est que depuis que je n'ai plus peur, je n'hésite pas à avancer, et je fais un bien meilleur travail. Un peu comme ces "placements" et "timing" automatiques et efficaces durant un combat où on n'a plus peur, et une paix et confiance intérieur indiscible circule en nous.
Cruel dilème pour un employeur finalement:
On peut manager ses équipes par la peur, au risque que celle-ci paralyse les collaborateurs et que les résulats soient moins bons. Au final, rares sont les boites dans lesquelles il est possible d'avoir des personnes qui n'ont pas peur.
Pour que les gestionnaires n'aient pas peur, il faut être sûr de ses résultats financiers, et ainsi, les gens n'ont plus peur et font un travail efficace. Cela peut devenir un cercle vertueux... mais les conditions d'émergeance de ce cercle vertueux ne se retrouve que dans des boites comme Google...
Vous savez, ce genre de boite dans lesquelles les gens n'ont pas peur d'innover, de bousculer des idées...parce qu'en fait tout le monde sait qu'ils ont quelques millions de cash derrière eux en cas de vautrage.
...
Mais peut-être est-ce moi qui ai tort. Peut-être que j'extrapole ma propre situation. Serais-je vraiment dans cet état si mon travail me plaisait? En effet, de peur de le perdre, je resterai dans un schémas normal de relation vis-à-vis de mon travail. C'est facile de ne plus rien en avoir à foutre de rien quand plus rien ne nous plait.
Ma question est simple: existe-t-il est personnes qui aiment leur situation professionnelle, et qui pourtant se trouvent dans le même schémas mental : n'avoir peur de rien tout en connaissant les conséquences d'un échec?
- Si tel est le cas, d'abord je veux savoir dans quelle boite ils travaillent (depuis longtemps j'entends). Je serais surpris de savoir quel type entreprise disposant de tels éléments, ne s'en débarasse pas au plus vite (de telles personnes sur lesquelles la carotte et le baton ne fonctionne pas donneraient des idées à d'autres... qui elles ont fondamentalement toujours peur et demanderaient toujours plus à leur employeur au final).
- Et si tel est le cas, ensuite je rectifie mon opinion: si un jour je dois diriger une équipe, je prie le ciel pour qu'elle ne soit composée que de gens qui n'ont peur de rien.